En dehors des gouttes s'échappant d'une canalisation percée, le silence le plus total règnait dans la cave. Penché sur une table formée à l'aide d'une planche et de deux trétaux, Shane Murphy étudiait consciencieusement un billet de 100 livres sterling. Plissant les yeux, il l'approcha de la lampe pour l'observer en transparence, comptant mentalement tous les marqueurs secrets, pour finalement rejetter la tête en arrière et soupirer avec satisfaction. Parfait ! Un véritable chef d'oeuvre. C'était la première fois que Shane fabriquait de fausses livres, mais il avait vraiment réussi son coup ; pour trouver une faille, il aurait fallut un monayeur dernier cri, et le type à qui il comptait revendre ses 5000 faux billets n'en avait pas. Pour cinq cent mille fausses livres, il en gagnait dix mille vraies. De quoi rembourser les composants du papier qu'il fabriquait lui même, et leur permettre de vivre décemment, lui et sa famille. A vingt-sept ans, Shane vivait en effet toujours chez ses parents. Si cela ne tenait qu'à lui il serait sûrement parti depuis longtemps. Comme la plupart des gens qui y vivent, Shane est né et a grandit à An Goilin ; la majorité des jeunes de son âge ont cependant maintenant choisi d'aller vivre leur vie dans une ville plus grande. Shane aurait bien aimé les suivre, mais il ne pouvait s'y résoudre, justement à cause de sa famille.
Bam.
Shane ferma les yeux, tentant d'ignorer le bruit qui venait de faire trembler le plafond de la cave. Un nouveau choc succéda au premier, et un cri rententit alors que la lampe vacillait sur la planche. L'homme tendit la main pour l'empêcher de tomber sur le sol humide, et il essaya de se concentrer à nouveau sur les billets qui s'étalaient devant lui. Avec autant d'argent entre les mains, même s'il était faux, on pouvait faire de grandes choses. C'était le seul moyen que Shane ait trouvé pour s'enrichir, après s'être fait virer succèssivement de tous les boulots qu'il avait réussi à récolter. A l'école, il n'avait jamais été bon qu'en dessin ; trop dissipé pour s'y attarder bien longtemps, il avait commencé à travailler dès l'âge de seize ans, pour finalement commencer à mettre à profit sa passion pour le graphisme quelque dix années plus tard. Cette histoire de fausse monnaie, c'était, si l'on puis dire, un véritable filon. Après avoir passé quelques mois à galérer pour se dégotter des contacts valables, Shane Murphy s'était finalement forgé une petite réputation qui allait, et c'était essentiel pour son business, en grandissant. Rien que pour le mois prochain, il avait trois commandes de cinquante mille billets. Débordé, il avait fini par abandonner son dernier emploi en date qui consistait à récupérer des meubles impayés chez les endettés pour se consacrer uniquement à sa petite entreprise illicite : il passait donc les deux tiers de son temps dans cette cave, à gratter du papier et à bidouiller sa photocopieuse pour des types bien plus mafiosos que lui, mais qui avaient le mérite de pouvoir le payer.
Le plus difficile à reproduire, selon Shane, est la constellation d'EURion. Cinq cercles répétés à plusieurs endroits du billet avec des orientations différentes. Surtout sur les billets de 20, car..
Bam.
Excédé cette fois, l'homme serra les dents et laissa tomber la liasse qu'il avait dans les mains. Prenant le temps d'éteindre la lampe, il se dirigea ensuite vers l'escalier branlant et rejoignit le rez-de-chaussée, la bouche tordue dans une sorte d'affliction et d'écoeurement mêlés. Franchissant la porte de la cuisine, il découvrit sa mère affalée sur le sol, serrant ses bras autour de ses épaules dans une stupide barrière protectice. Devant elle, Marcus Murphy laissait retomber son bras énorme contre sa cuisse qui l'était tout autant, et se racla la gorge avant de cracher un glaviot monstrueux dans l'évier, par-dessus le corps tremblant de sa femme. En remarquant son fils immobile dans l'embrasure Marcus Murphy lui lança un regard de défi, quelque chose de si glacial et si noir que Shane ne put qu'avaler sa salive sans rien dire, comme toujours.
La seule et unique fois où Shane avait trouvé le courage de tenir tête à son père, c'était à l'aube de ses vingts ans. Il avait bu au pub du coin avec ses amis qui, eux, fêtaient leur départ de l'université pour partir vers de plus vertes contrées, et était rentré chez lui en titubant pour trouver sa mère avec le visage tuméfié, comme toujours. A travers les brumes de l'alcool et de la colère il s'était senti plus fort, moins ordinaire, et sans prévenir il avait sauté sur cet ignoble individu qui était son père pour en finir une bonne fois pour toute, du moins, dans sa tête de gringalet sans cervelle. Il avait du aller à l'hôpital et on avait prétexté une chute, une chute de haut, très haut, qui aurait justifié ses bras et ses côtés cassés. Les médecins avaient pris un air sceptique, mais qu'auraient-ils pu dire ? On ne dit jamais rien, après tout. Shane non plus ne dit jamais rien.
Marcus Murphy traversa la cuisine d'un pas lourd, et lorsqu'il en sortit son épaule frôla celle de son fils qui, sans savoir pourquoi, leva les mains et le repoussa violemment sur le côté. L'homme heurta le mur du couloir et le choc fit tomber sur le sol un vieux cadre contenant une photo de leur mariage, à lui et Paige McGuinness, la femme devenue la mère de Shane et, surtout, la femme à présent étendue sur le carrelage froid de la cuisine. Cette derniere s'aidait d'ailleurs du meuble de l'évier pour se redresser, tremblante, et elle leva une main vers son fils comme dans un réflexe très maternel de protection, quelque chose d'ancestral, mais incroyablement vain puisque déjà Marcus Murphy assenait un coup de poing magistral à Shane.
Quelques minutes plus tard, la lumière automatique fixée au-dessus du portail s'allumait, et l'ombre fine et étirée de Shane glissait sur les graviers de l'allée. Le jeune homme rejoignait la rue, la main droite fermée sur un mouchoir qu'il tenait serré contre son nez ensanglanté. Rien de cassé, heureusement. S'éloigner un peu pouvait cependant n'être que salutaire, et la maison familiale diminua lentement derrière lui jusqu'à disparaître quand il tourna sur Carrow Street.
Il avait besoin d'un verre, oui. Certainement tout comme son paternel, qui au même moment devait être en train de descendre une bouteille de Grouse. Mais un verre, juste un verre, oui, et ça irait déjà mieux.
La porte du pub s'ouvrit devant lui et Shane profita de la sortie de deux types pour se glisser à l'intérieur, fermant brièvement les yeux pour apprécier davantage la chaleur rassurante qui émanait de cet endroit. Si Shane était dans sa prime jeunesse quelqu'un de plutôt calme et discret, il commença néanmoins à traîner dans les pubs dès l'âge de quatorze ans. Il avait toujours eu le chic pour se choisir des amis plus vieux que lui, sans qu'il ne parvienne réellement à s'en expliquer la raison ; sans doute ses erreurs étaient-elles plus facilement pardonnables aux yeux des types plus expérimentés, mais n'étant pas vraiment ouvert aux introspections, il avait abandonné l'idée d'en savoir plus.
A peine eut-il rouvert les yeux qu'un homme accoudé au bar le héla, l'invitant à le rejoindre. Shane le connaissait bien. C'était un vieux pêcheur nommé O'Sullivan, mais que tout le monde surnommait Cromwell car il se revendiquait ouvertement protestant, même dans une ville et un pays où le catholiscisme faisait loi. Shane l'appréciait néanmoins, il le connaissait depuis son enfance et c'était à lui qu'il achetait la pate de coton nécessaire à la fabrication du papier à billets.
« Shany, Shany Murphy ! » ricana stupidement Cromwell en poussant Shane sur le tabouret qui jouxtait le sien,
« Tu tombes bien mon pote, mon verre commençait à être, genre, un peu vide, tu vois ? »Le concerné eut un sourire amusé et il commanda deux pintes, content, finalement, d'avoir quelqu'un à qui parler. Cromwell semblait cependant déjà bien allumé.
« Wah, merci mec, toi t'es un type bien. Honnête en plus. Jamais tu m'as arnaqué, jamais. » dit-il en secouant la tête de droite à gauche, et Shane lui passa sa bière sans répondre. En fait, ce n'était pas tout à fait vrai. Shane l'avait parfois payé avec de faux billets, quand il était vraiment à sec. Il ne reculait jamais quant à arnaquer qui que ce soit, mais il portait une considération spéciale à ceux qui lui permettaient de réussir. Cromwell, notamment, donc. Sauf quand il était fauché. Mais au fond, ce n'était pas sa faute, il luttait pour une bonne oeuvre, si l'on puis dire. Sa lâcheté extrème le poussait à permettre à sa mère de continuer à survivre sans pour autant l'aider à fuir les coups de son père ; quand Shane sortait la tête de toutes les embrouilles et autres deals dans lesquels il baignait depuis maintenant plusieurs années, il réalisait tout cela et se détestait comme il n'avait jamais détesté personne jusque-là.
Les poings serrés, il fixait à présent son verre comme s'il aurait voulu le briser d'un seul regard, mais le monologue éthylique de Cromwell le ramena sur Terre.
« … comme quand tu étais gosse, ah ça, tu passais ton temps à dessiner partout... Je me souviens encore du jour ou tu avais foutu de la peinture partout sur la coque de mon bateau, la branlée que je t'ai mise ce jour-là ! »Le vieux éclata de rire, et Shane sourit également à cette évocation. Il avait toujours aimé dessiner, oui. Une sorte d'échappatoire coloré à son quotidien un peu trop gris, sûrement. Aussi loin qu'il se souvienne, sa vie avait toujours été la même. Lui, par analogie, pensait ne pas avoir changé. Il était toujours le même garçon un peu timide et réservé qu'il avait été à l'école primaire, le mec qui suit et qui a du mal à prendre des initiatives. Il s'est cependant un peu amélioré de ce côté-là, en témoigne sa réputation toute nouvelle dans le monde des hors-la-loi. Cela ne l'a jamais effrayé d'ailleurs, la curiosité puis l'ambition s'emparant vite de lui avant même qu'il ne s'en rende compte.
Shane se sentait prisonnier. Il s'agitait pour s'en sortir, mais certainement pas comme il l'aurait fallut. Passablement solitaire il préférait en effet gérer ses affaires seul, sans chercher d'aide extérieure, comme il l'avait toujours fait. Un conseiller n'aurait sûrement pas été de trop, et il pouvait s'estimer chanceux de ne pas avoir encore eu de problèmes. Trop inconscient pour évaluer les risques, il s'évertuait à les ignorer comme il ignorait les gestes de son père. Avec un arrière-goût de crainte.
La soirée s'écoula et Cromwell finit par s'endormir sur le comptoir. Shane descendit sa sixième pinte en silence, laissant peu à peu l'alcool s'emparer de lui.
ETES VOUS AU COURANT DES AGISSEMENTS AU SEIN DE AN GOILIN ? : Plus ou moins. Shane est néanmoins trop plongé dans ses propres affaires pour s'y intéresser.
QUE PENSEZ VOUS DE LA SECTE ? POURQUOI ? : Shane a reçu une éducation catholique, mais il trouve néanmoins un peu surfait toutes les histoires de vengeance divines colportées par le Trèfle Rouge. Au-delà de ça, il s'en fiche totalement.
ET LES OPPOSANTS ? : La même. Qu'ils fassent leurs petites affaires entre eux si ça leur chante, du moment qu'on le laisse tranquille. Leurs attentats sont plutôt gênants cependant, ça a tendance à ramener un peu trop de flics en ville.
COMMENT VOYEZ-VOUS L'AVENIR ? : Plein d'argent, à n'en pas douter.
QUEL SERA VOTRE RÔLE DANS CETTE GUERRE DE CLANS ? : Shane est corruptible, et par-là même susceptible de rejoindre l'un ou l'autre camp, si il y trouve son intérêt.
QUE DÉSIRERIEZ-VOUS VRAIMENT ? : Trouver le courage d'affronter son père, ou, du moins, le moyen de se libérer du poids que cela lui fout sur la conscience.
♣ Behind your screenSalut toi !
Moi c’est
Nath et comme je sais que tout le monde ne rêve que d’une chose, que je raconte ma vie, et bien je peux te dire que j’ai
20 ans et que je m’aime
Quoi ? T’en as déjà marre ? Pourtant je t’ai toujours pas dis que j’habitais en
BZH ! et que j’avais choisis
Elijah Wood pour représenter mon personnage ! Je sais, j’ai une vie palpitante...
Ah et puis c’est à cause de
Evan que tu va devoir me supporter
5/7 ! Et oui, la vie est injuste… D’ailleurs, en parlant d’injustice, y’a les trois grands, majestueux, extraordinaires, parfaits, magnifiques, […] admins qui m’ont demandé d’aller chercher, à l’aide de mes p’tits yeux, dans le règlement un code secret pour pouvoir me rendre in the wonderland !
Il me semble que c’est
i feel good. Et pour en rajouter une couche ils m’ont demandé de créditer ma photo ! C’est
amiro_c qui l’a prise. Je vous laisse me complimenter sans retenue
Vers l’infini et l’au-delà !
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