And I'll Never Let You Down ...

Depuis qu’il était midi et que le soleil avait atteint son apogée dans le ciel brumeux d’An Góilín, les minutes défilaient avec une lenteur exaspérante sur la montre de Maithias, la grande aiguille surveillée attentivement par le regard attentif du brun. Assis, son dos appuyé contre la froide paroi, ses yeux se fermaient peu à peu. Aiden avait beau faire, s’évertuer à toucher son âme avec belles paroles, enflammer son cœur vigoureusement en faisant appel à ses émotions, rien n’y faisait ; cet après-midi, le discours habituel du fondateur de leur groupe ne le heurtait pas. A vrai dire, il n’écoutait même pas, lui qui d’habitude buvait les moindres paroles du jeune Callagher. Cet homme était un leader né ; il savait justifier tout les actes par la raison, et motivait ses troupes d’un slogan chargé de haine. Mais Maithias pensait à elle, et au dernier sourire qu’elle lui avait adressé… C’était juste avant son départ. Désirant sûrement le quitter sur une note positive, Siobhan lui avait offert un sourire charmeur avant de déclarer : « A ce soir mon amour, je t’attendrai… ». Le genre de phrases qui le faisait chavirer de plaisir par leur simple sous-entendu. Inconsciemment, un sourire en coin tendit ses lèvres sèches.

Soudain, un tonnerre d’applaudissements retentit, écho tapageur marquant la fin du monologue d’Aiden. Maithias fit de même que le reste de ses camarades, retenant un bâillement, de peur de froisser leurs dirigeants. Qui sait ce qu’il aurait pu lui arriver… Ces gens là étaient d’un imprévu et d’une impulsivité monstre … Il frissonna, imaginant les pires horreurs dans son esprit tordu. Les C4 se quittèrent sur une poignée de mains générale, une ronde se formant pour accélérer le processus rébarbatif qui leur était imposé à chaque nouvelle réunion. Maithias quitta d’un pas vif la grotte secrète, ayant à cœur de retrouver son amante le plus vite possible. Elle lui manquait terriblement … Il soupira.

C’est à ce moment que vibra dans sa poche son portable démodé. Mait’ sursauta et s’empressa de porter la main à sa poche pour en retirer l’objet technologique, un mauvais pressentiment lui tordant l’estomac. Ce ne pouvait être qu’elle ; et elle ne l’aurait pas appelé sans raison valable. Ses doutes se verraient confirmés dans la minute qui suivit :

« Allo, oui ? »
« Maithias ? C’est moi. »

Sa voix était faible, presque retenue. Lui retint son souffle.

« Je… Je suis à l’hôpital là... tu vois ? Mon stupide cœur à fait des siennes à nouveau… Viens vite, je t’en supplie… »

Au bout du fil, la voix de sa maîtresse se brisa en sanglots qu’on devinait. En parlant de cœur, celui du brun eut un raté. Ses pires craintes devenaient désormais réelles. Lui qui avait tant prié pour qu’il ne lui arrive rien. Sûrement le fait qu’il n’ait jamais vraiment cru en Dieu… Gardant son portable en main en cas de toute nouvelle urgence, Mait’ retroussa ses manches et se mit à courir dans la forêt irlandaise. Il fallait qu’il la rejoigne le plus vite possible…


// hrp : Bon je m’arrête là, pour innover un peu dans le monde du rp :p et surtout parce que j’avait trop de lignes xD Comme ça tu peux laisser libre cours à ton imagination, je ne serais auprès de toi que dans le prochain post :) //

Ils s'étaient quittés bien à regret, aux alentours de midi, après un repas qui s'était déroulé dans un silence quasiment parfaits. Ils s'étaient contentés de se dévorer du regard, de se toucher légèrement, comme pour s'assurer que l'autre était bien là, que ce n'était pas un rêve. Après le départ de son amant, Siobhan s'était donc attelée à la correction de divers bilans qu'elle avait donnés à ses élèves quelques jours plus tôt, puis avait vaqué à ses diverses occupations, sans trop faire attention aux douleurs qui revenaient dans sa poitrine. Peut-être aurait-elle dû y prendre garde, mais ces pointes de douleur étaient tellement fréquentes chez elle qu'elle n'y prêtait plus aucune attention. La douleur faisait partie de sa vie quotidienne...

Enfin bref. Elle était donc allée jusqu'à la pharmacie pour acheter cette fameuse pilule du lendemain, comme elle l'avait promis à Maithias, mais aussi pour racheter ses cachets pour son coeur puisque sa boîte était quasiment vide et, surtout, en passe d'être périmée. Et c'était là que son coeur l'avait lâchée, brutalement, et qu'elle s'était littéralement écroulée après avoir crispé la main sur sa poitrine, hoquetante. Elle avait eu mal, terriblement mal, et le noir l'avait envahie presque immédiatement. Quand elle avait rouvert les yeux, une bonne heure plus tard, c'était pour tomber sur le plafond blanc d'une chambre d'hôpital. Elle se redressa brutalement au bruit de l'électrocardiographe à côté d'elle, sursauta en entendant la voix du médecin au pied de son lit.

« Calmez-vous miss Connors, vous êtes à l'hôpital d'An Goilin. Vous avez fait une crise cardiaque à la pharmacie, heureusement qu'un des pharmaciens vous a fait un massage cardiaque, sinon vous ne seriez plus de ce monde. »

La jeune femme se recroquevilla sur elle-même, totalement paniquée. Elle n'avait jamais fait de crise cardiaque jusqu'alors. Était-ce signe que son état de santé s'aggravait ? Ou juste une conséquence des émotions soudaines et successives qui l'avaient assaillie, depuis la veille au soir ? Elle se contenta de demander au médecin si elle pouvait appeler Maithias pour le prévenir de son admission à l'hôpital, et se retrouva rapidement avec un combiné en main, dans le couloir de l'hôpital, s'appuyant sur sa perfusion pour ne pas défaillir.

« Allo, oui ? »
« Maithias ? C’est moi. »

Elle se mordit la lèvre à l'entente de sa voix rauque, trop faible. Ses yeux se fermèrent un instant.

« Je… Je suis à l’hôpital là... tu vois ? Mon stupide cœur à fait des siennes à nouveau… Viens vite, je t’en supplie… »

Siobhan ne put s'empêcher d'éclater en sanglots. Elle n'osa raccrocher qu'une fois qu'elle eut la certitude qu'il viendrait, et laissa une infirmière la reconduire jusqu'à sa chambre, puis remettre les pastilles de l'électrocardiographe sur sa poitrine, sous l'espèce de robe de nuit bleue qu'on lui avait enfilé. Elle avait besoin de lui... Terriblement...