Le soleil s'était couché depuis bien longtemps, les douze coups de minuit venaient de retentir et Alyson venait seulement de quitter son service. En effet, les horaires du travail de serveuses n'avaient pas que ses avantages, la belle brune avait un peu une vie décalée par rapport aux personnes normales. Mais dans le cas de la jeune femme, cela avait tendance à l'arranger : ne pas revoir toutes ses conquêtes était un des bons côtés de son métier. Il était plutôt rare qu'Alyson croise les hommes qu'elle avait utilisé et à chaque fois, cela ne se passait pas très bien.

Bref, la belle brune salua ses collègues ainsi que les habitués du lieu puis se dirigea d'un pas tranquille dans sa villa. Les rares personnes qui avaient pu pénétrer dans la demeure d'Alyson avaient tous été surpris de la voir habiter dans un lieu aussi impressionnante alors qu'elle n'exerçait "que" le métier de serveuse. Seulement, bien que la jeune femme ne voyait que rarement sa famille, il fallait dire que ses parents continuaient à beaucoup l'aider financièrement, bien que la demoiselle n'en voyait pas particulièrement la particularité. On aurait pu être surpris qu'Alyson ne soit pas si attachée à l'argent, mais en réalité, ce n'était pas ça qui intéressait, c'était seulement les hommes et le fait de s'amuser.

La jeune femme entra donc chez elle et monta quatre à quatre les escaliers. Elle prit une douche rapide, et mit beaucoup plus de temps pour choisir quelle robe elle allait porter pour la soirée et pour se maquiller. Alyson vivait beaucoup la nuit et il n'était pas rare que la demoiselle ne soit chez elle qu'au lever du jour. Finalement, la jeune femme se décida pour une robe noire, épousant parfaitement ses formes et lui arrivant mi cuisse.
La jeune femme sulfureuse ressortit alors de chez elle près d'une heure après y être entrée, ignorant totalement quand elle reviendrait, et si elle serait ou non accompagnée. Mais il fallait avouer que si Alyson rencontrerait un homme ce soir, ce dont elle ne doutait pas vraiment, elle ferait en sorte d'aller chez lui, histoire de ne pas se faire retrouvée après avoir profité de sa pauvre victime, qui pourrait avoir des envies de vengeances. La demoiselle marchait d'un pas rapide, il fallait dire que la nuit, il ne faisait pas très chaud et elle n'avait pas envie de perdre de temps.

Un quart d'heure plus tard, la belle brune entra dans la salle, gratuitement. Il fallait dire que l'homme qui faisait rentrer les gens était très sensible au sourire séduisant de la jeune femme, et elle se doutait également que celui-ci aimerait avoir la chance de l'amener un jour chez lui. Les hommes étaient vraiment des porcs.
En entrant dans la salle, une chaleur s'empara du corps de la jeune femme. De nombreuses personnes étaient déjà présentes. Sans attendre, Alyson se dirigea vers la piste de danse, observant les hommes, tel une lionne cherchant sa proie ...
Que la fête commence.

Les gouttes d'eau perlaient sur la pomme de douche, glissant délicatement le long de l’objet métallique, pour tomber enfin, dans une chute rectiligne et chronométrée, pour s’écraser finalement, inévitablement, en émettant un son cristallin lors de leur l’impact sur le dallage blanc sale. La douche, aux portes coulissantes faites de verre à bulles, était vide. Mais la présence de l’homme était encore récente. Un gel de douche gisait là, ouvert, renversé, répandait une odeur mielleuse, emplissant la minuscule pièce d’un baume agréable…

Maithias posait dans sa glace, à moitié nu, les cheveux ébouriffés. Les derniers rayons du jour filtraient à travers la lucarne qui surplombait le minuscule endroit, apportant un brin de chaleur en cette soirée qui ne s’annonçait pas chaude, et plutôt venteuse. Qu’importe, il ne comptait pas traîner dehors.

« Une boîte de nuit … Les chefs auraient quand même pu choisir un lieu plus classe… Mais bon. J’imagine que c’est plutôt discret comme endroit. Le monde sort, le monde rentre, ça va, ça vient… Incognito. Espérons que tout se passera bien, je n’ai aucune envie de finir ma soirée en pugilat. Mais quand même… Une boîte de nuit… »

Il avait du mal à admettre qu’il devrait mettre les pieds dans le lieu où habituellement il n’aurait même pas jeté un regard. Les Night Clubs, très peu pour lui. Cependant, il n’avait pas le choix. Ordre des patrons. Et quand il s’agissait des opposants, on ne rigolait plus. Mission top secrète, comme on dit. Il prit un chemise blanche ornée d’un motif attrayant et plutôt flash, et compléta sa tenue d’un jean blanc, lui aussi. Il prit son parfum dans les mains s’en aspergea plus ou moins, désireux de ne pas passer pour un homme en guenilles.

Ce soir, Maithias n’avait envie de rien. Dommage, car il lui faudrait rassembler son sang froid et son courage. On s’amusait pas avec les contacts des C4, ces gens là étaient coriace. Une fois prêt, coiffé et lavé, le brun sortit de chez lui, enfilant un manteau noir et sobre, mais qui lui suffirait à ne pas prendre froid. Il sortit un bout de papier de sa poche qui indiquait l’adresse du Club. Maithias connaissait la ville comme sa poche, et après deux secondes de réflexion, il prit le chemin de sa destination. La nuit tombait sur le village irlandais.

Arrivé, il entra en glissant un mot au videur qui collaborait avec eux aussi. Tout le monde avait connaissance des opposants, mais peu étaient ceux qui s’en étaient rapproché.
A l’intérieur, des lumières dans les tons rouges, verts et indigo balayaient la salle, aveuglant momentanément le brun qui venait de la pénombre. Il fendit la foule de danseurs tant bien que mal, et s’assit au bar, commandant un verre de Ricard dilué avec de l’eau. Il attendait, désormais…

« Salut, ça te dirait d'aller te rafraichir en ma compagnie »

Il tourna la tête à sa droite, et observa l’inconnue qui l’avait interpellé. Elle était brune, et sensuelle. Que lui voulait-elle ? Ce n’était vraiment pas le moment pour le déranger dans son travail… Que devait-il répondre ?

« Ca dépend, qu’est ce que tu me proposes ? »

L'attente serait sûrement longue, alors autant la combler.

Alors que la jeune femme se laissait emporter par le rythme de la musique, une main s’empara de sa taille, encore un qui n’avait pu se retenir longtemps avec de l’aborder. Alyson se tourna donc vers le jeune homme, et commença une danse qui avait l’air de beaucoup plaire à l’homme qui l’avait abordé, sans même avoir osé prononcer un mot d’ailleurs.
Tout en bougeant son corps sensuellement au rythme de la musique, la jeune femme observa plus précisément la personne avec qui elle dansait. Car, bien que l’attirante demoiselle avait rencontré et eut beaucoup d’histoires avec d’innombrables hommes, Alyson choisissait avec un regard très critique ses victimes, si bien que la jeune femme commençait à penser que finalement, c’était un honneur de finir dans ses filets.

Bref, la demoiselle regardait l’homme avait l’air d’être aux anges, avec son regard qui en disait long sur ses intentions. Bien que l’homme était grand, avec des cheveux bruns et des yeux bleus, ce qu’Alyson préférait, sa façon de trémousser son corps et de l’observer, sans avoir l’intelligence de s’empêcher d’observer les atouts de la demoiselle la gênait fortement. En effet, la splendide jeune femme aimait les hommes qui voulaient cacher leur sentiment car, sans un peu de compétition, Alyson n’était pas intéressée : la demoiselle avait plutôt tendance à s’intéresser aux hommes qui faisaient mine de ne pas la remarquer, sauf exception bien entendu, car il y en avait.

Alyson laissa alors glisser son regard vers les autres hommes qui étaient sur la piste de danse, il fallait dire qu’il y avait le choix. En effet, la demoiselle aimait beaucoup les boites de nuits car c’était pour elle un océan où les poissons ne manquaient pas, et les races y étaient très différentes et nombreuses. Malheureusement, la jeune femme fut bien dans l’obligation de s’avouer que la concurrence y était également rude. Seulement ce n’était pas quelque chose qui l’inquiétait vraiment car, dans un premier temps elle avait de nombreux atouts au niveau de son physique, ce qui se remarquait par les nombreux regards qui se tournaient vers Alyson lorsqu’elle se promenait simplement dans la rue ou lorsque que justement, elle voulait se faire remarquer comme c’était le cas à ce moment précis. De plus, la séduisante demoiselle savait placer ses mots et s’adapter à l’homme qu’elle avait devant elle, chose que toutes les femmes ne savaient pas faire, bien au contraire. En effet, Alyson avait souvent remarqué que les autres femmes qui voulaient aussi s’amuser avec les hommes pensaient qu’il suffisait de s’habiller de manière provocante pour attirer tous les hommes, la belle brune était bien plus subtile que ça.

Finalement, son regard se posa sur un jeune homme vêtu de blanc. Il fallait avouer qu’elle n’était pas la seule à avoir posé les yeux sur lui car cette couleur avait tendance à attirer le regard dans les boites de nuit. Alyson l’observa donc de loin. Il n’avait pas l’air d’être habitué aux boites de nuit et le fait qu’il vienne seul lui parut étrange. En effet, la plupart des personnes qui venaient seul venaient pour repartir en compagnie mais lui n’avait pas vraiment l’air attiré car il ne se rua pas sur la piste de danse, comme la plupart des gens. Son air un peu businessman et le fait qu’il n’avait pas l’air intéressé par les filles plut beaucoup à Alyson et, de là où elle se trouvait, il avait l’air plutôt l’air attirant.

Bref, au bout de quelques minutes de danse, la demoiselle attira son cavalier pour que celui penche son oreille en direction de la bouche parfaitement dessinée d’Alyson. Celle-ci lui murmura alors à l’oreille.

« Désolée! »

Puis elle partit avec un sourire amusé dans la direction de l’homme qui était déjà assis au bar, un verre devant lui. Et, avant même qu’il n’eut le temps de la voir s’approcher, celle-ci lui parla, un sourire mystérieux sur les lèvres.

« Salut, ça te dirait d'aller te rafraichir en ma compagnie ? »

Une phrase simple, que peu de femme aurait eu l’idée de dire, et un sourire attirant, voilà la recette du succès d’Alyson, elle allait maintenant voir si cela fonctionnait sur l’homme séduisant en face d’elle. Maintenant que la demoiselle était proche de sa victime, elle pouvait bien observer les traits de son visage et il fallait dire que ce qu’elle voyait lui plaisait beaucoup. L’homme n’avait pas l’air très ravi que quelqu’un l’aborde, mais il lui répondit tout de même.

« Ca dépend, qu’est ce que tu me proposes ? »

Cette phrase laissa tout de même à la séduisante demoiselle l’espoir qu’elle l’avait un peu interpellé, et qu’il voulait savoir où elle voulait en venir. Bien entendu, Alyson n’allait pas lui dire ce qu’elle voulait vraiment mais elle allait lui parler comme si elle voulait faire connaissance.

« Eh bien, j’ai remarqué que tu n’avais pas l’air d’avoir envie de danser et je trouve ça vraiment triste de passer une soirée en boite de nuit, seul à boire au bar. C’est pour ça que je viens te proposer ma compagnie. »

« Une femme sait qu’elle porte la bonne robe quand les hommes n’ont de cesse de la lui enlever … »

MICHEL GALABRU.

Elle était brune. Ses cheveux tombaient en cascades dans son dos, soulevés par l’air ventilé. Maithias fixa quelques secondes son regard, intrigué par ces yeux émeraude qui pétillaient de malice. Elle portait une robe avec un décolleté discret qui incitait le regard à vouloir en savoir plus, mais il n’était pas le genre d’hommes à se sentir exalté par une simple mise en valeur. Il devait cependant avouer qu’elle avait des formes attrayantes, et un sourire charmeur. Une femme qui avait tout pour plaire. Etait-elle de ces croqueuses d’hommes qui n’étaient ici que dans le but de coucher avec leur cible ? Si c’était le cas, elle était drôlement raffinée et délicate. D’habitude, les femmes comme elle venaient à moitié nues et engageaient le contact avant la moindre parole, avec comme préférence les hommes déjà ravagés par l’alcool. A moins qu’il ne soit complètement dans son trip, Maithias ne se souvenait pas avoir bu à profusion. Elle poursuivit :

« Eh bien, j’ai remarqué que tu n’avais pas l’air d’avoir envie de danser et je trouve ça vraiment triste de passer une soirée en boite de nuit, seul à boire au bar. C’est pour ça que je viens te proposer ma compagnie. »
« J’ai pas besoin de compagnie. »

Elle semblait croire qu’il était là pour boire. Alors pourquoi ne pas feindre la mélancolie et la noyade éthylique ? Il se resservit encore un verre d’alcool fort, qu’il tira cul sec. Fixant son regard chocolat sur le verre vide devant lui, son regard semblait perdu. Mais intérieurement, il échafaudait déjà des plans pour se jouer des attraits de cette femme dont il ne connaissait pas encore le nom. Tant qu’à se faire séduire, elle devrait trimer un minimum ! De toute façon, son contact arriverait bientôt, et elle resterait seule.

Maithias lui inventait une vie, une résidence, des amis, des connaissances, un caractère, un passé. Il lui soupçonnait des tonnes de relations d’un soir, un HLM miteux qu’elle avait du mal à payer, seule, éloignée de toute compagnie amicale, et cela serait sûrement sa seule robe du soir, qu’elle avait du s’offrir après des mois de labeur, où tout simplement volé dans un grand magasin. Elle devait chercher un mec pour avoir de l’argent…

L’imagination, parallèle au rêve et à l’utopie. Maithias conjecturait sur son interlocutrice, sans rien connaître encore d’elle. Peut-être se fourvoyait-il totalement, mais l’avantage de l’hypothèse non démentie, c’était qu’elle laisse toujours place à une part d’espoir…


A finir...